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Une écriture collective dans le cadre du club lecture

Une mélodie magique

Une mélodie magique qui a inspiré Léane, Louane et Raphaëlle

Une mélodie magique

Mélodie ce prénom que je détestais tant. Ce prénom qui me rappelait que je n’étais pas à ma place, que j’étais une erreur.
Ce prénom qui m’a toujours fait horreur et qui exacerbait ma douleur.

Après les cours, je décide de me promener un peu avant de rentrer chez moi. Dans une rue, je vois une boulangerie. Mon ventre se rappelle alors à moi en gargouillant bruyamment. Je décide alors d’acheter un croissant aux amandes, mais en sortant de la boutique, mon ticket de caisse s’envole. Je cours donc le récupérer mais celui-ci s’envole de nouveau. Alors je le suis et lorsque je l’attrape enfin, tout autour de moi me parait étranger. Je cherche alors à rebrousser chemin mais, concentrée sur le ticket de caisse, je ne n’avais pas fait attention à mon environnement. Il fallait me rendre à l’évidence : j’étais perdue, sans possibilité de demander mon chemin, sans téléphone car il n’avait plus de batterie.
Désespérée, je m’assois en pleurant sur des marches au-devant d’un grand bâtiment blanc sur lequel on peut lire « Conservatoire de musique ». C’est alors que j’entends une mélodie, un morceau de piano qui m’apaise instantanément. M’enveloppant avec douceur dans un réconfort dont j’avais tant besoin. Je ferme les yeux. Une vague d’émotions comme je n’en n’avais jamais ressentie auparavant déferle en moi.
Oh comme j’aimerais pouvoir accompagner cette musique de ma voix, faire en quelque sorte partie de cette mélodie magique !

*** [Une fois la sonate terminée, Mélodie revint à elle. Une voisine âgée passant alors dans la rue, Mélodie put finalement suivre ce visage connu vers son foyer rassurant.] ***

Une tentative infructueuse

Mélodie ce prénom que je détestais tant. Ce prénom qui me rappelait que je n’étais pas à ma place, que j’étais une erreur.
Ce prénom qui accompagnait mes silences.

Le silence m’enveloppait. Je n’avais pas réalisé. Tout appelait au silence. Rien ne retentissait, rien n’éclatait, il n’y avait que le faible murmure des assiettes posées sur la table. Je n’entendais rien d’autre. Les murs de ma chambre étouffaient le reste. Le silence avait fait son nid dans les murs, dans ma chambre, dans ma gorge.
Dans ce silence de cathédrale, j’entendis pourtant les quelques envolées de notes. Je me rappelai la douceur des caresses sur les touches. Je me remémorais les petites créatures qui avaient jailli d’un instrument que je n’avais même pas vu.
La mélodie avait été joyeuse, sautillante, rieuse. On aurait dit qu’elle avait été faite pour moi. Ma mélodie. Elle avait chatouillé mes oreilles, avait pénétré mon corps. Elle demeurait maintenant logée dans mon cœur.
En fermant les yeux, je pouvais imaginer... Je pouvais voir une chaude lueur éclairer ma poitrine, s’attarder dans mes poumons, grimper lentement ma trachée et s’asseoir dans le coin de ma gorge.
J’ouvris ma bouche.
La lumière s’estompa légèrement.
J’inspirais, et la lumière s’éteint. Elle coula jusque dans son foyer.
Une larme s’échappa. Le silence de la maisonnée me regardait. Il était toujours là. Il gardait toujours ma maison dans ses bras. J’ouvris la bouche à nouveau, je secouais mon cœur. La petite lueur ballottée allait bien revenir.
J’inspirais. Elle sauta dans ma bouche... Et s’échappa.
J’expirais un souffle haché, un cri silencieux et enroué. Une autre larme coula.
Raté ! Pourquoi ? Je ne pouvais pas tout simplement. La mélodie qui me chatouillait, ma mélodie qui me réchauffait, je n’avais qu’à l’écouter, qu’à la goûter. Ma gorge resterait toujours muette
Je retournais au conservatoire. Souvent ! Je réécoutais un entremêlement de notes. Curieuse, je me postais sous une fenêtre ou une autre. Je découvrais une sonate au piano. Je m’envolais avec les accords chantant des violons. Je sautillais comme les flûtes. Mais surtout, quand la chance me souriait de toutes ses dents, j’accompagnais de mes silences les voix puissantes des cœurs de soprano. Chez moi, entouré de mes doux vides, je m’imaginais les éclats sautillants, les fleuves de couleur, les vibrations des cordes qui restaient désespérément immobiles.
Je souffrais. Ma gorge restait muette. Mon souffle resterait vide.
Je fis un « o » avec mes lèvres. J’inspirais.
Pourquoi espérer ?
Pourquoi essayer ?
J’expirais.
La lumière éclata devant mes yeux !
Je ... Les rayons chauds illuminèrent l’espace avant de disparaître.
Un son... un cri était sorti. Une note aiguë et stridente avait retenti à mes oreilles.
Pour la première fois, je sentis l’étreinte du silence se relâcher. Les bras étaient plus mous, moins fermés. Il me semblait que la lueur frétillante dans ma poitrine pouvait éclairer tous les chemins.
Un son avait tinté.
Il semblait d’or à mes oreilles alors qu’il n’avait pas duré.
C’était le premier !
Je fermais les yeux. Tel un enfant la lueur attendait dans ma gorge. J’ouvris la bouche, le rire de quelques notes attendait.
J’inspirais. Je rouvris les yeux.

Une révélation

Mélodie ce prénom que j’ai tant détesté. Ce prénom que maintenant je peux porter fièrement. Et je redresse la tête quand je l’entends.

Je suis Mélodie. Je suis Mélodie.
La preuve vivante que rien n’est impossible et que le travail paie. Ce prénom est devenu l’incarnation de la volonté et de la persévérance.
Je pense enfin croire en moi et en la musique. Elle n’est plus un manque mais ma plus grande force.
Je n’abandonnerai pas ; je continuerai à m’entraîner. Je sais fredonner en étant muette. Il faut maintenant que je sache véhiculer un message aussi poignant que tous ces artistes que je porte dans mon cœur.

***

J’ai 22 ans et je suis musicienne. Vous pensez peut-être que j’ai abandonné mon rêve ?
Je suis pianiste et joue de la flûte traversière...
J’ai réalisé que la voix n’était pas le seul outil pour véhiculer des valeurs. Cette voix, elle me manquait, pourtant j’ai compris que je n’en avais pas réellement besoin.
Whistle Melody la pianiste qui fredonne et la flûte de talent.
J’ai réussi, je suis heureuse et je les laisse tous sans voix.

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