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Les justiciers du confinement

Les justiciers du confinement

Tout commença le vendredi 13 mars 2020 au lycée de La Queue lez Yvelynes, pendant le terrible cours de sport de Mme Bougot. Ce jour était d’une importance particulière pour tous les élèves de première de France, il s’agissait du jour des résultats des premiers E3C. Jules les attendait avec impatience depuis déjà trois mois. Si bien qu’il avait décidé de garder précieusement son téléphone dans sa poche pendant le sport. C’est alors qu’il le sentit vibrer, il le sortit discrètement pour ne pas être vu par son professeur. Quand il vit que les résultats venaient d’être publiés, il ne put s’empêcher de répandre la nouvelle à ses camarades. Mais malheureusement pour lui son engouement se fit vite repérer par Mme Bougot. Elle s’approcha de lui et dit à haute voix : « Mais ne serait-ce pas un portable que je vois là ! Vous connaissez la règle il me semble. Confisqué ! Il finira dans le bureau de Mme la Proviseure. Vous pourrez le récupérer la semaine prochaine. » Jules obéit et rentra chez lui après le cours, démoralisé de l’affreuse journée qu’il venait de passer.
Le soir même, le Président de la République devait faire un discours pour informer les Français de l’évolution de l’épidémie mondiale de Coronavirus en France. Toute la famille de Jules s’était rassemblée devant la télé pour écouter les décisions prises par l’État. Quand le président prononça les mots « dès lundi et jusqu’à nouvel ordre, les crèches, les écoles, les collèges, les lycées et les universités seront fermés » on put voir la joie de Jules qui n’allait plus avoir cours pendant très longtemps. Seulement cette joie ne fut que de courte durée car il se rapella qu’il n’avait plus son portable, et comment allait-il bien faire sans son portable en cette période de confinement ? Il ne pourrait pas communiquer avec ses amis, perdre son temps sur les réseaux sociaux, jouer à ses jeux mobiles et ne pourrait même plus draguer la fille dont il était amoureux…. « Non, je ne peux pas vivre comme ça, ce sera l’enfer. » se dit-il dans sa tête.
Il passa toute la nuit à cogiter dans son lit pour trouver une solution. Et c’est au petit matin qu’il trouva la solution. Il se dit qu’il ne pouvait pas être le seul dans cette situation.
Alors que le soleil battait son plein, Jules alla rendre visite à son meilleur ami Sacha qui, peut-être, connaissait quelqu’un ayant le même problème.
« Hey comment vas-tu frérot ? La famille, les amis, ta copine ça va ? demanda Jules.
 La routine tu sais, en plus avec le confinement qui arrive c’est comme si nous étions déjà en vacances. Et toi quoi de neuf ?
 Moi j’ai un gros problème, tu vois Mme Bougot, elle m’a pris mon téléphone hier et je devais le récupérer lundi normalement…
 Mais lundi le lycée sera fermé, comment vas-tu faire pour le récupérer ?
 Je me suis dit que tu pourrais peut être m’aider. Es ce que par hasard tu connaîtrais quelqu’un dans la même situation que moi ?
Sacha réfléchit puis proposa une idée à Jules :
 Je ne connais personne d’autre dans cette situation mais moi je peux t’aider à le récupérer.
 Super t’es vraiment le meilleur, s’exclama Jules. Mais tu as un plan ?
 Fais moi confiance, rendez-vous cette nuit à deux heures du matin devant le portail du gymnase.
 D’accord à tout à l’heure. »
Jules rentra chez lui et ne put s’empêcher de penser toute la soirée à ce qui allait bien pouvoir se passer la nuit suivante. Il était une heure trente du matin, la maison était calme et toute la famille de Jules était en train de dormir. Jules se leva de son lit, prit de quoi passer inaperçu et descendit les escaliers. Tout à coup il vit une lumière aveuglante venant de la cuisine qui se rapprochait de lui. Jules en sueur demanda à voix baisse :
« Qui est là ?
 C’est moi idiot, répondit sa petite sœur de 14 ans.
 Que fais-tu ici à cette heure là ? S’interrogea Jules.
 J’avais une petite soif donc je suis descendue prendre un verre d’eau. Et toi que fais-tu ici habillé et avec ton sac sur le dos ?
 Moi… euh… Je sors voir un ami dans le village.
 Et papa et maman sont au courant que tu sors comme ça en plein milieu de la nuit ? demanda t-elle d’un air malicieux.
 Non ils ne sont pas au courant donc ça reste entre nous.
 Je ne sais pas, j’ai quoi en échange ?
 Si je fais tes corvées de la semaine c’est bon ?
 Tu commences à me plaire continue.
 Bon je te donne vingt euros et tu m’as pas vu.
 Ok, je les veux demain matin sur ma table de chevet. dit-elle en montant les escaliers.
Jules put enfin sortir de chez lui pour rejoindre son meilleur ami dans l’espoir de récupérer son précieux téléphone. Les deux comparses se retrouvèrent devant le lycée comme prévu. Sacha dit alors à Jules de mettre sa cagoule, puis de lui faire la courte échelle pour escalader la grille qui menait au gymnase. Une fois passés, les deux amis avancèrent petit à petit vers le portail reliant le gymnase au lycée. « STOP ! Murmura Sacha. Fais attention à la caméra de surveillance sur le lampadaires, elle tourne toutes les vingt secondes. Il va falloir se dépêcher pour passer le portail. » Après quelques secondes nos deux jeunes garçon coururent, puis escaladèrent sans souci le portail. Une fois le portail franchi, Sacha lui expliqua la suite du plan : « Maintenant on va passer par la porte des toilettes des garçons, parce que la porte extérieure ne peut pas se fermer et la serrure de la porte intérieure a été cassée par des Terminales jeudi. Ensuite il faudra faire attention aux trois caméras qui se trouvent dans les couloirs. Mais t’inquiète pas j’ai pris une bombe de peinture pour maquiller les caméras. Puis on s’introduit dans le bureau de l’administration, on récupère les clés du bureau de la Proviseure. Et enfin on récupère ton portable et ceux des autres qui y sont comme ça personne saura que c’est toi qui l’aura récupéré, on repose les clés et on part de là ni vu ni connu. »
Ils pénétrèrent sans souci dans le lycée, maquillèrent les caméras, mais la première difficulté arriva devant le couloir de l’administration. « La porte est fermé à clé comment on va faire ? demanda Jules inquiet.
 Ne t’inquiète pas, j’avais prévu ce problème du coup j’ai regardé tout l’après-midi des tutos sur internet pour crocheter une porte. En fait je me suis entrainé sur ma porte de chambre et c’est pas très compliqué.
 Sérieusement tu sais faire ça. T’es vraiment trop fort. »
Sacha sortit le matériel de son sac et se mit au travail. En quarante seconde la porte était ouverte. Ils prirent les clés puis retournèrent dehors par le même chemin. Ils réussirent à ouvrir le bureau de la Proviseure et se mirent à chercher les téléphones confisqués. Jules les trouva dans un tiroir de son bureau, il y en avait douze. Ils les prirent tous et repartirent reposer les clés, puis repassèrent les portails en faisant attention aux caméras. Il était deux heures quarante-cinq et ils avaient réussi leur mission qui paraissait pourtant impossible. Avant de rentrer chacun de leur côté, Jules donna rendez-vous à Sacha chez lui le lendemain midi pour une ultime tâche. Le lendemain Jules dit à son ami :
« Il faut que nous allions rendre les autres portables à leurs propriétaires.
 Mais comment tous les retrouver ? répondit Sacha intrigué
 J’ai mené ma petite enquête et grâce aux post-it qui se trouvaient sur chaque portable j’ai pu savoir à qui ils appartiennent et j’ai trouvé les adresses sur internet. –
Super ! du coup on prend mon scooter et on les pose dans leur boite au lettre. » Après avoir déposé tous les téléphones, le soir même les deux amis purent voir plusieurs messages dans les storys snapchat de leurs amis, qui relayaient un message de remerciement pour les personnes qui avaient rapporté les portables confisqués.
Depuis Jules et Sacha sont anonymement appelés les « Justiciers du Confinement ».

Copyright Mathieu

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